EXPOSITION "SORTIR DU CHAOS"
La deuxième exposition solo de Irène Poetschke « Sortir du chaos » a eu lieu du 28 novembre au 4 décembre 2024 à la galerie Dohyang Lee dans le Marais à Paris 3ème.
Cette exposition a mis en lumière une évolution personnelle marquée par un parcours vers la paix intérieure « …comme une évolution positive illustrant un changement de ma personne, ma vie, mon âme. »
Pourquoi « Sortir du chaos » ?
Irène a longtemps cherché refuge dans le chaos, incapable de s’épanouir dans une existence linéaire. Sa série « Damier », présentée lors de l’expo « Jeu de dame » en 2023, évoque cette période d’enfermement et de violence, reflet de ses luttes intérieures. Cependant, une transformation s’est amorcée : « Une porte a fait son apparition et, petit à petit, les murs se sont abaissés pour laisser voir un bleu profond. »
C’est ainsi que cette nouvelle série « Sortir du Chaos » a vu le jour, symbolisant ce chemin vers l’évasion. Au fil des tableaux, le damier s’évapore et le sang s’efface au profit d’un fil rouge qui relie les éléments, tandis que le personnage se dirige vers l’inconnu, vers la sortie ou le vide. « Cette sortie n’est pas évidente, le sol lâche sous ses pas… », sorte de parallèle avec ce que la peintre vit et ressent.
Irène et son être imaginaire se tournent alors vers un univers plus simple et plus paisible, avec la nature comme ancrage. Chaque tableau reflète une action, une émotion, un instant, de cette quête de stabilité, comme un nouveau message d’espoir, «… même si des liens ou des traces persistent, la libération est salvatrice.»
Un parcours immersif plein de surprises
L’exposition comprenait une vingtaine d’œuvres, principalement de la peinture à l’huile, disposées sur deux niveaux avec une scénographie immersive plongeant les visiteurs dans l’univers singulier de l’artiste. Sur la plupart des toiles est ajouté de l’argile peinte recouvert de résine, véritable marque de fabrique de la peintre qui amplifie le relief déjà exprimé par les perspectives omniprésentes.
Ainsi, dans la première salle, étaient exposées 10 tableaux à l’huile de la série la plus récente, la série où le bleu outremer domine, intitulée elle-même « Sortir du chaos ». Du format 80x60 cm d’ « Apaisement » qui nous fixe dans les yeux aux grands diptyques de 100x150 cm reliés ou pas par de l’argile comme « Protection » ou « Découverte », du relief de « La recherche » aux mains soutenant deux statuettes en argile de « Equilibre », l’impression était lumineuse et pleine d’émotion dans cet univers surréaliste bien spécifique. L’intensité des sensations était augmentée par la multitude de symboles égrenés sur chaque toile que chacun s’attachait à décrypter à sa façon, avec l’aide des 10 textes poétiques jouxtant chaque œuvre. Un grand arbre de 2 mètres sans feuilles rappelant celui des toiles, un miroir en écho à celui du tableau « Espoir » entouré également de morceaux d’un autre miroir cassé, des pétales parsemés autour de « Deuil(s) » en rappel de ceux de l’œuvre, ainsi qu’un sablier géant rempli de sable engloutissant d’un côté un personnage noir et de l’autre un arbre en argile, et 3 plateformes suspendues accueillant chacune une statuette en argile (une femme assise, le personnage noir, l’arbre = les 3 symboles récurrents de l’expo) ajoutaient encore à l’immersion dans ce monde symbolique issu de l’inconscient de l’artiste.
Puis on accédait à une deuxième salle voûtée en descendant un escalier pentu et là, on entrait dans un autre monde, celui de « l’avant », avant la sortie du chaos, comme un rappel de l’exposition précédente « Jeu de dame » : on tombait directement sur une baignoire remplie de « sang » posée sur un sol en damier, déjà présente à la première expo mais qui était revisitée avec des tentacules jaillissantes et de la mousse flottant sur le « sang », entourée par 2 tableaux inédits « Nouvelle cohésion » et « Profondeur intime » avec ses tentacules en argile sur la toile. Puis en se retournant, en était happé par le poing tendu de l’immense toile de 158x158 cm « Entre 4 murs » située à l’autre bout de la pièce occupant tout l’espace. Entre-temps, on pouvait glisser un œil dans une « boîte magique » comprenant une mini-salle de bain en mosaïque, et fureter au milieu des tableaux au vert dominant rappelant la période précédente de l’artiste, celle plus tourmentée où damier, sang et enfermement étaient omniprésents. Avec à nouveau le tableau « Lutte quotidienne » au burger en argile.
Puis on pouvait accéder à un dernier espace où une toile commune était mise à disposition pour que chacun y exprime ses émotions.
L’intérêt ensuite était de remonter dans la salle au rez-de-chaussée où le bleu évoquant ciel, océan, le vide ou l’infini, nous permettait de respirer à nouveau après l’enfermement du sous-sol. Et là, un deuxième tour des tableaux nous permettait de redécouvrir encore des significations supplémentaires, ajoutant à la puissance de cette nouvelle série.
Ainsi, au cours de cette exposition, l’artiste nous a invités à réfléchir : « Est-ce qu’on sort réellement du chaos ou est-ce une sorte de cycle incessant ? » Irène Poetschke nous a rappelé que même dans les moments les plus sombres, « la vie vous enseigne toujours quelque chose et vous guide vers votre véritable voie. »
Au total, plus de 350 personnes sont venues découvrir les œuvres et la scénographie de l’exposition « Sortir du chaos », avec environ 150 personnes présentes au vernissage. La profondeur des tableaux, l’univers original et l’inimitable « signature » de l’artiste ont beaucoup touché le public.