POÈMES
Voici 11 textes poétiques reprenant les éléments marquants des tableaux de Irène Poetschke (Damier, Visage, Tentacules, Ombre, Salle et perspective, Sang, Couteau, Mains, Porte, Estomac et Salle de bain).
Cela vous permettra d'en savoir plus sur ce que l’artiste veut véhiculer à travers ses œuvres.
Damier
Noir et blanc,
Petit ou grand,
De haut en bas,
Dans tous ses états,
Le damier est là
Dans le jeu de la dame
Comme une allégorie
De son état d’âme
Et des aléas de la vie.
Pour rappeler aussi au quidam,
Captivé et en immersion,
Ses propres contradictions,
Tous les contrastes et nuances
De sa petite existence,
Et même jusqu’à la vision
D’un monde où la raison
S’oppose aux instincts
Et l’ordre au hasard
Ou le mal au bien.
Bipolarité un peu bizarre,
Oui, on ne peut dire mieux,
La vie est un jeu !
HG.
Visage
Ressentir les choses sur l'expression d'un visage arraché.
Son visage ramassé.
Une âme dans un regard qu'on ne peut s'empêcher de cacher.
TR.
Tentacules
Venant des profondeurs,
Des mondes engloutis,
Flexibles et tout en longueur,
Souples et multiformes,
De mollusques ou de pieuvres,
Les tentacules nous envahissent
Nous entraînent, nous aspirent.
Manipulatrices, insaisissables,
Imprévisibles et créatives,
Ventouses implacables,
Au pouvoir infini de régénération
En perpétuelle expansion,
Tous azimuts, toutes directions,
Par leur intelligence,
Leur sagesse et leur endurance,
Leur énergie et leur adaptation,
Elles savent nous posséder
Et nous fasciner
Pour nous entraîner
Vers des mondes inavoués.
HG.
Ombre
Sombre et nocturne.
Hantée par les traces du passé.
Sur les murs de la pièce.
Fourbe créature qui se cache dans ma tête.
TR.
Salle et perspective
Mis en boîte entre quatre murs,
Poussé jusqu’à mes dernières extrémités,
Comme un prisonnier,
Je suis seul au milieu de la salle.
Mur au-dessus, en dessous, à gauche, à droite,
Enfermé en 3 D,
Perspectives sans perspectives,
Quadrillage sans rivage,
J’atteins mes limites physiques et mentales,
Seul au milieu de la salle,
Et je m’interroge…
J’ai envie de pousser les murs
Pour échapper à moi-même
De sortir de ma solitude
Mais c’est peine perdue…
Je reste seul au milieu de la salle
Et n’existe qu’en moi-même.
HG.
Sang
Rouge sang qui fait mal.
Les douleurs partent mais les traces restent bien au-delà du corps.
Elles jonchent la pièce d'un rouge écarlate où j'ai pu entrevoir la vie et la mort.
TR.
Couteau
Frissons et danger.
Dans le blanc de cette lame, mon reflet vulnérable.
Instinct animal dans ce monde éventré.
La violence de cette arme est si froide.
Dans le creux d'une main dérangée.
TR.
Mains
Là où les mains se posent, le monde change.
Mouvements et force sous la pression des phalanges.
Manipulation et pouvoir au contact de la matière, comme un coeur dans le creux de deux mains.
Elles s’agitent et s’expriment, savent dessiner la silhouette d’un mot.
Douceur ou espiègleries nous reliant jusqu’à l’autre.
TR.
Porte
Au fond du couloir, une porte pleine de mystère qui laisse cours à l'imagination.
La peur et l'envie de découverte d'une nouvelle simulation.
Plus je la regarde et plus elle s'approche de moi.
Détourner le regard?
Ou s'ouvrir à nu vers un nouveau moi.
TR.
Estomac
Lorsque j’ingère,
Je digère,
J’accepte,
J’adhère,
J’intègre,
Mes émotions
Mes opinions
Mes équations,
C’est une obligation
Sans défection.
De l’extérieur
Vers l’intérieur,
De l’inférieur
Vers le meilleur,
Mon estomac,
Écho de mes traumas,
Tel un négatif photo,
Second cerveau,
Est mon révélateur.
HG.
Salle de bain
Dans ma salle de bain,
Murs blancs quadrillés,
Face au miroir,
J’ose me jauger
En vain…
Parfois tout est noir,
Du fond de ma baignoire,
Je n’arrive plus à voir
Le monde tout autour.
Solitude sans détour,
Introspection sans horizon,
Oppression sans condition,
Je me penche sur moi-même
Et plonge dans mon intimité
Seule dans ma nudité.
Fragments d’authenticité
Et de parenthèse désirée,
Je fais du chemin,
En me tenant par la main,
Je sais que quand je sortirai
Je ne serai plus la même.
HG.